Wim DELVOYE

Né en 1965 en Belgique à Wervik (Flandre), Wim DELVOYE vit et travaille à Gand.

Cet artiste belge joue du contre-emploi, du mélange des catégories et des techniques, prolongeant la tradition flamande du détournement (BRUEGHEL, BOSCH, ENSOR ,MAGRITTE, BROODTHAERS). Les Å’uvres Gothiques : La série Bétonneuses, 1990 (des engins de chantier reproduits à l’échelle 1/1 en bois orné, à la manière du mobilier ecclésiastique), ou bien la série 9 muses, 2001 (série de vitraux réalisés avec des plaques d’imagerie médicale aux rayons X, eux-mêmes « X » puisqu’il s’agit de scènes pornographiques) en témoignent. « A l’heure de la mondialisation, Wim DELVOYE revendique ses origines, véritables sources d’inspiration dans son travail. […] A travers cette question de l’identité territoriale, Wim DELVOYE aborde des sujets englobant l’ensemble de notre société consumériste.(1)» Par exemple, la série Sawblades, 1990, montre des paysages hollandais peints sur des lames de scie circulaire (peinture émail bleu des faïences de Delft du XVIIème siècle.)

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Action Doll présentée ici participe de « l’ entreprise » Cloaca. La boite contient une poupée représentant l’artiste avec lunettes, téléphone portable et pistolet pour tatouer les cochons. La boite contient une réplique en plastique de Cloaca Quattro, 2004. L’ensemble est fabriqué (délocalisé) en Chine. Action Doll est en un produit dérivé des créations de Wim DELVOYE. Il vend toute une production de sacs, publications, tee-shirt, papier toilette dans sa boutique. (Wim shop)
L’artiste a créé huit Cloaca depuis 2000 : Ce sont des machines qui reproduisent la fonction digestive du corps humain. Élaborées avec un laboratoire scientifique, ces intestins mécaniques, maintenus à constante température corporelle, reproduisent le système de digestion à partir d’acides et d’enzymes gastriques stockés dans des cloches de verres. Au bout de la chaîne, de véritables étrons de synthèse. Ces étrons sont vendus dans des sachets plastique portant le logo Cloaca.
Dès le début du XXème siècle, les artistes ont développé le thème du corps-machine : Fernand LEGER montre sa fascination pour le progrès : Le mécanicien, tandis que les dadaïstes ironisent : PICABIA, Marcel DUCHAMP, le Grand Verre, 1912-1923. Avec Wim DELVOYE, la machine humaine n’est plus seulement représentée, « le corps biologique est devenu une sculpture active, capable d’accomplir une fonction essentielle, vitale pour la préservation de la vie, mais qui n’a ici d’autre but que de faire la démonstration d’un processus de transformation.(2)» L’art s’est affranchi des contraintes morales et religieuses, des règles esthétiques qui dominaient toute représentation du corps.
Cloaca est provocante, elle prolonge la dimension scatologique de certains œuvres de MANZONI (Merde d’artiste, 1961), ou Mc CARTHY (Hot dog en 1974). Mais c’est peut-être davantage la pensée de George BATAILLE que l’on retrouve dans l’œuvre de DELVOYE. BATAILLE décrit la tension permanente entre la production sociale et l’énergie qu’elle dépense pour camoufler certains matériaux ou certaines pratiques. ( George Bataille, La part maudite, essai, 1949.) Ce qu’il nommera par la suite l’hétérologie.
Le pistolet à tatouer que porte la poupée renvoie au projet Art Farm. Wim DELVOYE élève des cochons tatoués en Chine. L’iconographie des tatouages reprend des images culturelles populaires, religieuses, publicitaires. Les animaux sont choyés jusqu’à ce qu’ils meurent, favorisant ainsi la spéculation du marché de l’art et des collectionneurs. Les cochons sont ensuite empaillés ou bien leur peau est présentée dans un cadre. Comme WARHOL en son temps, Wim DELVOYE applique à sa démarche artistique les principes de l’économie capitaliste mondialisée pour mieux les exhiber.
Wim DELVOYE expose dans de nombreux pays en Europe et dans le monde depuis 1988. AV
(1) Gilbert Perlein, Rébecca François, « Pigs, cathedrals and crucifix », catalogue d’exposition, Wim Delvoye, exposition Wim Delvoye,
Dessins et maquettes, MAMAC Nice, ed. Skira Flammarion, Paris, février 2010. Page 7
(2) izzydusit.skynetblogs.be/archive/2007/11/16/wim-delvoye-art-farm-cloaca-world.html
Sources complémentaires : Wim Delvoye, catalogue d’exposition, MAMAC Nice, ed. Skira Flammarion, Paris, février 2010, et le site officiel : (wim city) wimdelvoye.be/

Artothèque de l'Aisne

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