Mahdjoub BEN BELLA
est né en 1946 à Maghnia, Algérie. Arrivé en France à l’âge de 19ans, il vit et travaille à Tourcoing. Diplômé de l’école nationale des Beaux Arts d’Oran (1956), de l’école des Beaux Arts de Tourcoing, des Arts Décoratifs à Paris, et de l’école Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris.
Longtemps réglées par la graphie Arabe, les créations de Mahdjoub BEN BELLA n’en ont conservé peu à peu que le matériau pictural, donnant à voir une œuvre dense qui s’inscrit dans un double héritage : celui de la calligraphie arabe, et de la peinture occidentale (écriture automatique, abstraction). Qu’il joue sur la profusion des motifs ou sur les performances de sa gamme chromatique, l’artiste crée un constant et minutieux dialogue du signe et de la couleur.
« L’activité créatrice reste très largement du domaine de l’improvisation, de l’incontrôlable. C’est vrai pour la musique comme pour la peinture. Quand je vois comment travaillent mes amis compositeurs, je me dis que la démarche est la même. Il ne faut pas croire que la musique est d’abord dans la tête puisqu’elle est sur le papier, comme il ne faut pas penser que la touche de couleur est d’emblée dans le cerveau avant d’être sur la toile. On rêve bien sûr avant, on a une sorte d’image qui est liée à l’envie mais sitôt qu’on tente de la réaliser sur la toile, l’image s’effrite sous l’effet du geste, dans l’action elle-même qui est trop forte, submerge le rêve et conduit vers autre chose. […] Je crois que tout vient à la fois : la couleur, le grand chahut des couleurs et un certain ordre. L’organisation qui est inconsciente n’est pas à l’extérieur, elle n’est pas avant, elle se bâtit dans l’action. Quand je peins, tout vient ensemble, dans l’inquiétude simultanée pour la circulation des couleurs et des signes, pour les rapports de couleur et le rythme des signes. L’organisation naît de l’action, de la vie, de la pulsion. Pulsion que je n’oppose pas à la répétition, qui est en effet très importante dans ce que je fais. Et là encore on retrouverait ça dans la musique, dans les expériences de transe, chez les derviches tourneurs, et chez tous ces musiciens américains que j’aime, Terry RILEY, Phil GLASS et d’autres encore. Cette musique, cette danse qui peuvent durer pendant des heures montrent une composition musicale et chorégraphique sans fin ni début. Cette composition est une proposition dans l’espace… » Mahdjoub BEN BELLA *
Mahdjoub BEN BELLA expose régulièrement depuis 1970. Il a été sollicité pour plusieurs réalisations monumentales dont L’envers du Nord, 1986 (12 Km peints sur la route pavée de la course cycliste Paris-Roubaix) et la décoration en céramique d’une station du métro de Tourcoing. Il est représenté dans une dizaine de musées et de collections publiques.
CT – AV
* "Quel rapport à l'autre? Les enjeux de la diversité culturelle", Nouveaux Regards N°20, hiver 2002-2003. Entretien avec Mahdjoub Ben Bella. Propos recueillis par Evelyne Meziani et Christian Laval. Sources complémentaires: Galerie Ferrari/Art Gallery,